Non. L'Indicible est fondamentalement inaccessible au mental, à l'intellect. Toute pensée est une forme, une forme mentale. L'absolu, l'indicible, est sans forme, au-delà de toute pensée. Le domaine de la conscience est trop vaste pour être saisi par la pensée. L'absolu dépasse largement ce que le mental peut comprendre. Nulle pensée n’englobe l'absolu. Au mieux, elle peut l’indiquer.Geveil a écrit:Mais ma conviction est qu'il est important d'y voir clair et qu'une pensée claire permet aussi d'accéder à la " toute conscience"
Accéder à la toute conscience comme tu dis, c'est s'immerger dans la non-pensée, dans le vide mental. La pure conscience est bien au-delà de la pensée ; c'est la pensée qui voile la conscience. Entrer dans la pure conscience, c'est être totalement présent à ce qui est, sans pensée, sans apposer d'étiquette mentale sur ce qui est perçu. Entrer dans la pure conscience, c'est littéralement une fusion entre le sujet et l'objet de perception. Il n'y a plus de séparation entre moi et le reste du monde.
Les trois quarts des gens sont par exemple incapables d'observer vraiment un arbre : la pensée compulsive vient automatiquement apposer l'étiquette mentale « arbre » en surimpression, focalisant la conscience sur une image mentale, empêchant par là de sentir l'essence de l'arbre. L'image mentale de l'arbre émane de la mémoire, du connu, du passé. Celui qui regarde un arbre en pensant à un arbre n'est pas présent à l'arbre ; il est perdu dans ses pensées.
Les bébés et les animaux n'ont pas de pensée compulsive. Eux vivent intégralement dans le Présent, sans filtre conceptuel. C'est la raison de leur insouciance. Tout ce qui se présente à eux est accueilli avec une insatiable curiosité, sans la moindre once de jugement ou de commentaire mental. Il y a une immense sensation de joie dans cette attitude.
Ça ne veut pas dire que la pensée est nocive ; elle est un outil d'une grande utilité pratique. Il faut simplement la laisser à sa place et ne pas se laisser dominer par la pensée. Se laisser dominer par la pensée, ça veut dire être incapable de s'arrêter de penser ; c'est se laisser hypnotiser par la pensée. C'est la pensée compulsive, comme un fou qui parlerait tout le temps à voix haute. On est tous des fous qui parlons tout le temps dans notre tête. La condition humaine, c'est d'être immergé dans la pensée.
On peut utiliser la pensée uniquement pour des choses pratiques, comme prendre un RDV chez le dentiste. Une fois que c'est fait, plus besoin de la pensée, retour au Présent. C'est de cet état de conscience qu'émerge la véritable créativité. Toutes les œuvres artistiques ou les grandes découvertes scientifiques sont nées de cet état contemplatif. Il faut voir le témoignage d'Alain Connes, médaille Fields de mathématiques, parler d'illumination, de sentiment d'absolu et des larmes qui lui sont montées aux yeux lorsqu'il a fait ses découvertes. Finalement, le simple d'esprit est bien plus proche de la pleine conscience que celui qui pense avec dextérité, parce que le simple d'esprit pense peu.
Si la dextérité à manier des concepts menait à la pleine conscience, ça se saurait : tous les intellectuels seraient des sages. Force est de constater que ce n'est pas le cas.
Merci mayadevi.mayadevi a écrit:Hitori et Satori , j'aime beaucoup ce que vous écrivez et cette longue "conversation" avec Geveil. Je suis avec bonheur le chemin de votre pensée et approuve votre façon de le suivre.![]()
Dernière édition par Satori le Sam 22 Mar 2014 - 15:04, édité 1 fois