Cela concerne une très grande partie des salariés du privé
Les salariés du privé payeront davantage de cotisations et devront reculer d'un an leur départ en retraite pour éviter une décote.
C'est une réforme des retraites avant l'heure… mais que pour le privé! Dès le 1er janvier 2019, les règles changent pour les 18 millions de salariés cotisants au régime de retraite complémentaire Arrco (tous les salariés) et Agirc (uniquement les 4 millions de cadres). Les masses en jeu sont importantes puisqu'elles représentent 78 milliards de pensions versées chaque année à 12,6 millions de retraités et pèsent pour 40 % de la pension des non-cadres et jusqu'à 60 % de celle des cadres. Décidés par le patronat et les syndicats (à l'exception de la CGT et FO) lors de l'accord d'octobre 2015 et entérinés dans l'accord national interprofessionnel de 2017, quatre grands changements vont s'imposer.
Premièrement, les deux structures distinctes Agirc et Arrco fusionnent en une seule au 1er janvier. Il n'y aura plus qu'un seul compte de points Agirc-Arrco, basé sur la valeur du point Arrco. Pour les 80 % de salariés qui ne sont pas cadres et ont acquis des droits à l'Arrco, aucune incidence. En revanche, les 20 % de cadres vont voir leurs points Agirc transformés en points Arrco. «Nous garantissons une stricte équivalence des droits, en allant jusqu'à 9 chiffres après la virgule», affirme François-Xavier Selleret, directeur général du GIE Agirc-Arrco, le gestionnaire du régime. Pour être parfaitement transparent, un double affichage sera maintenu tout au long de 2019, et une calculette en ligne permettra à chacun de vérifier que ses droits sont intégralement conservés.
Toute personne née à partir du 1er janvier 1957, qui voudra dorénavant partir à 62 ans, même en ayant tous ses trimestres, se verra appliquer une décote de 10 % sur sa pension pendant trois ans
Deuxième grand changement, les cotisations des actifs vont augmenter. «Cela s'explique par la nécessité, pour fusionner, d'harmoniser les taux entre l'Agirc et l'Arrco, qui diffèrent actuellement», explique François-Xavier Selleret. À titre d'exemple, pour un non-cadre rémunéré 2206 euros bruts mensuels en 2018, la cotisation salarié va augmenter en 2019 de 2 euros par mois et la part patronale de 6 euros par mois. L'impact est beaucoup plus fort pour les cadres: pour un salaire de 4749 euros bruts mensuels, le salarié devra payer 19 euros de plus par mois de cotisation et son employeur 31 euros.
Troisième modification, l'âge de départ en retraite sera de facto reculé d'un an, de 62 à 63 ans, en raison de la mise en place d'un bonus/malus. Toute personne née à partir du 1er janvier 1957, qui voudra dorénavant partir à 62 ans, même en ayant tous ses trimestres, se verra appliquer une décote de 10 % sur sa pension pendant trois ans. Pour l'éviter, il faudra accepter de travailler un an de plus. En allant au-delà, il sera possible de bénéficier d'une surcote durant un an, qui sera de 10 % pour deux ans de travail supplémentaire, 20 % pour trois ans et 30 % pour quatre ans. Les retraités ne payant pas de CSG seront exonérés de la décote et ceux ayant une CSG réduite (à 3,8 %) n'auront qu'une minoration de 5 % au lieu de 10 %. Pour s'y retrouver, le simulateur «M@rel» sur le site Internet de l'Agirc-Arrco permet à chacun de faire le calcul en fonction de son cas personnel.
» LIRE AUSSI - Inquiets pour leur pouvoir d'achat, les Français redoutent l'impact de la réforme des retraites
Exemple: un retraité touchant 1600 euros de pension verra sa pension amputée de 50 euros par mois pendant trois ans s'il part à la date de son taux plein. Alors que s'il travaille un an de plus, sa pension passera à 1665 euros mensuels grâce aux points de retraite complémentaire supplémentaires obtenus durant l'année travaillée et grâce à la surcote. Reste à savoir quel comportement vont adopter les futurs retraités. À l'origine, l'incitation à partir plus tard devait permettre au régime d'économiser 800 millions d'euros par an. Mais les gestionnaires craignent de n'atteindre que la moitié de cet objectif.
Dernier aspect de ce grand chambardement : pour la réversion et les droits familiaux, les partenaires sociaux ont aligné les deux régimes sur le mieux disant
Enfin, une quatrième évolution concerne la revalorisation des pensions dans le temps. La règle depuis 2015 est de les revaloriser en fonction de l'inflation moins 1 point, avec interdiction de passer en dessous de 0 % (ce qui reviendrait à baisser les pensions). À compter du 1er janvier, les pensions Agirc-Arrco ne seront plus indexées sur l'inflation mais sur l'évolution moyenne des salaires. Ce qui est a priori plus favorable pour les retraités, les salaires augmentant traditionnellement plus vite que les prix. Sauf que les partenaires sociaux pourront tenir compte d'un «facteur de soutenabilité». Et donc minorer ou majorer au coup par coup le taux d'indexation en fonction de l'équilibre financier du régime.
Dernier aspect de ce grand chambardement: pour la réversion et les droits familiaux, les partenaires sociaux ont aligné les deux régimes sur le mieux disant. La réversion qui n'était versée qu'à partir de 60 ans à l'Agirc le sera désormais dès 55 ans comme à l'Arrco. Quant à la majoration de pension de 10 % pour les parents de trois enfants, qui était plafonnée à 1034 euros annuels dans chacun des régimes, elle est portée à 2 071 euros pour tous. Des avantages qui devraient, toutefois, être remis à plat avec la future réforme des retraites, celle promise par Emmanuel Macron et qui doit aboutir à un régime universel…
http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2018/12/26/20002-20181226ARTFIG00154-retraites-complementaires-tour-de-vis-au-1er-janvier-2019.php
Les salariés du privé payeront davantage de cotisations et devront reculer d'un an leur départ en retraite pour éviter une décote.
C'est une réforme des retraites avant l'heure… mais que pour le privé! Dès le 1er janvier 2019, les règles changent pour les 18 millions de salariés cotisants au régime de retraite complémentaire Arrco (tous les salariés) et Agirc (uniquement les 4 millions de cadres). Les masses en jeu sont importantes puisqu'elles représentent 78 milliards de pensions versées chaque année à 12,6 millions de retraités et pèsent pour 40 % de la pension des non-cadres et jusqu'à 60 % de celle des cadres. Décidés par le patronat et les syndicats (à l'exception de la CGT et FO) lors de l'accord d'octobre 2015 et entérinés dans l'accord national interprofessionnel de 2017, quatre grands changements vont s'imposer.
Premièrement, les deux structures distinctes Agirc et Arrco fusionnent en une seule au 1er janvier. Il n'y aura plus qu'un seul compte de points Agirc-Arrco, basé sur la valeur du point Arrco. Pour les 80 % de salariés qui ne sont pas cadres et ont acquis des droits à l'Arrco, aucune incidence. En revanche, les 20 % de cadres vont voir leurs points Agirc transformés en points Arrco. «Nous garantissons une stricte équivalence des droits, en allant jusqu'à 9 chiffres après la virgule», affirme François-Xavier Selleret, directeur général du GIE Agirc-Arrco, le gestionnaire du régime. Pour être parfaitement transparent, un double affichage sera maintenu tout au long de 2019, et une calculette en ligne permettra à chacun de vérifier que ses droits sont intégralement conservés.
Toute personne née à partir du 1er janvier 1957, qui voudra dorénavant partir à 62 ans, même en ayant tous ses trimestres, se verra appliquer une décote de 10 % sur sa pension pendant trois ans
Deuxième grand changement, les cotisations des actifs vont augmenter. «Cela s'explique par la nécessité, pour fusionner, d'harmoniser les taux entre l'Agirc et l'Arrco, qui diffèrent actuellement», explique François-Xavier Selleret. À titre d'exemple, pour un non-cadre rémunéré 2206 euros bruts mensuels en 2018, la cotisation salarié va augmenter en 2019 de 2 euros par mois et la part patronale de 6 euros par mois. L'impact est beaucoup plus fort pour les cadres: pour un salaire de 4749 euros bruts mensuels, le salarié devra payer 19 euros de plus par mois de cotisation et son employeur 31 euros.
Troisième modification, l'âge de départ en retraite sera de facto reculé d'un an, de 62 à 63 ans, en raison de la mise en place d'un bonus/malus. Toute personne née à partir du 1er janvier 1957, qui voudra dorénavant partir à 62 ans, même en ayant tous ses trimestres, se verra appliquer une décote de 10 % sur sa pension pendant trois ans. Pour l'éviter, il faudra accepter de travailler un an de plus. En allant au-delà, il sera possible de bénéficier d'une surcote durant un an, qui sera de 10 % pour deux ans de travail supplémentaire, 20 % pour trois ans et 30 % pour quatre ans. Les retraités ne payant pas de CSG seront exonérés de la décote et ceux ayant une CSG réduite (à 3,8 %) n'auront qu'une minoration de 5 % au lieu de 10 %. Pour s'y retrouver, le simulateur «M@rel» sur le site Internet de l'Agirc-Arrco permet à chacun de faire le calcul en fonction de son cas personnel.
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Exemple: un retraité touchant 1600 euros de pension verra sa pension amputée de 50 euros par mois pendant trois ans s'il part à la date de son taux plein. Alors que s'il travaille un an de plus, sa pension passera à 1665 euros mensuels grâce aux points de retraite complémentaire supplémentaires obtenus durant l'année travaillée et grâce à la surcote. Reste à savoir quel comportement vont adopter les futurs retraités. À l'origine, l'incitation à partir plus tard devait permettre au régime d'économiser 800 millions d'euros par an. Mais les gestionnaires craignent de n'atteindre que la moitié de cet objectif.
Dernier aspect de ce grand chambardement : pour la réversion et les droits familiaux, les partenaires sociaux ont aligné les deux régimes sur le mieux disant
Enfin, une quatrième évolution concerne la revalorisation des pensions dans le temps. La règle depuis 2015 est de les revaloriser en fonction de l'inflation moins 1 point, avec interdiction de passer en dessous de 0 % (ce qui reviendrait à baisser les pensions). À compter du 1er janvier, les pensions Agirc-Arrco ne seront plus indexées sur l'inflation mais sur l'évolution moyenne des salaires. Ce qui est a priori plus favorable pour les retraités, les salaires augmentant traditionnellement plus vite que les prix. Sauf que les partenaires sociaux pourront tenir compte d'un «facteur de soutenabilité». Et donc minorer ou majorer au coup par coup le taux d'indexation en fonction de l'équilibre financier du régime.
Dernier aspect de ce grand chambardement: pour la réversion et les droits familiaux, les partenaires sociaux ont aligné les deux régimes sur le mieux disant. La réversion qui n'était versée qu'à partir de 60 ans à l'Agirc le sera désormais dès 55 ans comme à l'Arrco. Quant à la majoration de pension de 10 % pour les parents de trois enfants, qui était plafonnée à 1034 euros annuels dans chacun des régimes, elle est portée à 2 071 euros pour tous. Des avantages qui devraient, toutefois, être remis à plat avec la future réforme des retraites, celle promise par Emmanuel Macron et qui doit aboutir à un régime universel…
http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2018/12/26/20002-20181226ARTFIG00154-retraites-complementaires-tour-de-vis-au-1er-janvier-2019.php