troubaa a écrit:ouais c'est interessant ce que tu dis mais les autoroutes françaises etaient deja les plus cheres d'Europe
quand elles appartenaient à l'Etat

Depuis quand elles appartenaient à l’État ? Dès les premiers grands tracés autoroutiers, l’État a décidé un régime de
concession privée avec mise en place de péage autoroutier. Ce que d'autres pays (puisque tu aimes tant faire référence aux pays) n'ont pas fait comme l'Allemagne, le benelux, les États-Unis, le Royaume-Uni ou les pays scandinaves par exemple.
Je te rappelle une des premières législations en la matière :
Loi "portant statut des autoroutes" du 18 avril 1955 : L'État ne pouvant pas développer seul le réseau autoroutier, la loi introduit dans son article 4 le régime de la concession qui permet le recours au péage comme moyen de financement des tronçons concédés. La première société fondée date de 1956 et il s'agit d'ESCOTA qui n'est pas une société d’État. Je veux bien reconnaître que l’État a été actionnaire majoritaire, mais il n'a pas construit puis entretenu ce réseau autoroutier en grande partie contrairement aux routes nationales ou ex-routes nationales (ce sont bien des services déconcentrés de l'Etat qui l'ont globalement géré). Ces sociétés concessionnaires étaient des
sociétés d'économie mixte où justement des actionnaires privés peuvent en faire partie.
De plus, l’État a recours dans les années 1970 à des sociétés entièrement privées, comme AREA pour la région Rhône-Alpes. Seulement, suite à la crise pétrolière, ces sociétés privées dépourvues de commandes conséquentes ont des finances de plus en plus alarmantes pour la plupart d'entre elles, et sont contraintes de passer sous contrôle public.
Comme le dit dede95,
un service public doit sa réussite sur son
efficacité et non sur sa rentabilité. Il n'a aucun objectif de dégager des bénéfices. Et si ça coûte un peu plus cher que prévu, il suffit de réinjecter de l'argent public, et si c'est moins, de faire moins de dépenses publiques. Encore faut-il le comprendre.
Parlons de copinage justement puisque tu abordes le sujet, car le régime de concession a changé en mal à partir de 2006 à cause de ce premier ministre de la honte, D. de Villepin :
Il est décidé la
privatisation des autoroutes en 2006, qui s'est faite en défaveur non seulement des usagers de la route bien évidemment (vu le prix exorbitant des péages), de l’État et de l'ensemble des citoyens du pays.
* La privatisation des autoroutes s'est faite avec un montant de près de
15 milliards d'euros, prétextant même que l’État ferait une bonne affaire. Or, la réelle valeur estimée par la Cour des Comptes s'approche davantage des
24 milliards d'euros comme coût de concession (30 ans). l’État par cette décision stupide de cession par privatisation a un manque à gagner de près de 10 milliards d'euros.
* En privatisant, l’État se refuse donc à toucher les dividendes liées aux
droits à péage couvrant les frais de gestion et d'exploitation du réseau autoroutier. Ces sociétés privées y voient donc une excellente opportunité pour se faire quelques bénéfices bien juteux : montant de ces dividendes, près de
38 milliards d'euros dont 15 milliards d'euros reversés aux actionnaires.
* Qu'est-ce que le gouvernement avançait justement ? En privatisant, cela favoriserait l'emploi. Or, avec la généralisation des péages autoroutiers et la diminution des personnels pour l'exploitation, ces sociétés ont
réduit leur personnel de près de 16 % ! Quand certains affirment que le libéralisme génère des emplois, ah oui, elle est belle l'affaire !
* De plus, l'évolution des prix des péages augmente deux fois plus vite que le taux d'inflation :
16 % en 10 ans !
* Compte tenu de la crise économique qui a touché la France et du pouvoir d'achat restreint de nombreux français, certains rechignent à emprunter les autoroutes, qui je te rappelle est
plus sûr compte tenu de sa configuration autoroutière : le
taux de mortalité est de 5 à 6 fois moindre que sur une route nationale ou route départementale. La responsabilité n'émane pas de ces sociétés privées, mais bien de la spécificité du réseau autoroutier. La RN20 en deux voies était bien plus accidentogène que l'actuelle A20 qui l'a remplacé en partie.
Surtout quand on sait qui gère et exploite ce réseau : ce ne sont pas de petites sociétés mais de grosses entreprises qui se partagent presque tous les marchés, et paient par ailleurs de plus en plus mal leurs salariés en leur demandant de faire davantage d'heures, pour le bien-être de leurs actionnaires !
Le site "
les échos", qui n'est pas réputé pour être communiste, dénonce complètement cette arnaque clientéliste de copinage :
Rente autoroutièreTout comme aussi cette dénonciation et cet appel à la
renationalisation :
Renationalisation des autoroutesCela ne me dérangerait pas de mettre en place comme cela a été fait dans plusieurs pays un système de
vignette. Mais il est plus urgent d'arrêter cette arnaque, qui n'est d'ailleurs pas la première du genre.
Mais c'est vrai : L'Etat est bon pour toi. C'est hollande qui te le dit...
Hollande n'est pas l’État ! Nous ne sommes plus au règne de Louis XIV ! L’État, c'est nous, le peuple français, puisque c'est nous qui en majorité le finançons pour recevoir en fonction de nos besoins ! Il est censé apporter une position de neutralité et d'arbitre, et s'il gère certains pans du secteur public, tant qu'il le fait bien, tant mieux. Et pourtant, je méprise au plus point tout ce qui est administratif et bureaucratique, hauts fonctionnaires compris, mais l’État ce n'est heureusement pas qu'un système bureaucratique opaque psycho-rigide, même si ce système pose un sérieux souci pour la gestion efficace de notre pays et bon nombre de ses politiques publiques.